36 suppressions d'emplois à l'hopital

L’hôpital d'Evreux en meilleure santé

Publié le 11/10/2013 à 08H00 Paris-normandie

Santé. Pour le directeur du Centre hospitalier intercommunal Eure-Seine qui regroupe les sites d’Évreux et de Vernon, le rapport de la Chambre régionale des comptes ne reflète plus la situation de l’établissement.

Olivier Brand affiche un optimisme à la hauteur du « redressement spectaculaire » que connaît, selon lui, le centre hospitalier intercommunal Eure-Seine qu’il dirige depuis fin 2011

La Chambre régionale des comptes (CRC) vient de rendre son rapport définitif consacré au Centre hospitalier intercommunal Eure-Seine (CHI Évreux et Vernon) portant sur la période 2009-2011 - lire nos éditions d’hier. Ce rapport pointe notamment du doigt un hôpital ayant du mal à « trouver sa place d’établissement de référence », « surdimensionné » et « une situation financière et budgétaire critique ».

Un déficit pratiquement réduit de moitié
Olivier Brand, le directeur du centre hospitalier, ne le cache pas : si ces remarques sont fondées, elles sont aussi caduques. Pour celui qui tient la barre du navire de santé depuis fin 2011, cet audit « est presque de l’histoire ancienne dans la vie d’un hôpital en pleine relance ». Le directeur de l’établissement affiche un optimisme et un enthousiasme à la hauteur du « redressement spectaculaire » que connaît, selon lui, le CHI.
« À mon arrivée, fin 2011, la situation était très difficile sur le plan financier avec une baisse d’activité et un déficit de 13,50 M€ sur un budget de 180 M€. Nous avons travaillé avec détermination pour réorganiser, relancer l’activité, ouvrir l’hôpital à la médecine de ville, redonner confiance à la population, ouvrir ou développer des capacités d’hospitalisation… », énumère le directeur Brand. Résultat : e centre hospitalier a fini « pratiquement à l’équilibre » en 2012 avec un déficit de 8 M€. « Cette année, on va redescendre à 7 M€ », annonce Olivier Brand. « Nous avons toujours été très bien accompagnés par l’Agence régionale de santé (ARS) qui nous a donné jusqu’en 2017 pour revenir à l’équilibre. En 2012, elle nous a octroyé 4,5 M€. Cela montre tout le soutien des pouvoirs publics. »
Concernant le surdimensionnement de l’hôpital de Cambolle et le surcoût de fonctionnement estimé à 1,5 M€ par an, Olivier Brand se défend : « Nous sommes passés de 30 000 m² à Saint-Louis à 50 000 m² à Cambolle. Cela induit des coûts de maintenance, de chauffage, de sécurité incendie. Parallèlement, en 2012, sur le site d’Évreux, l’augmentation d’activité a été spectaculaire. En deux ans, le nombre de séjours a augmenté de 2 000 pour atteindre environ 40 000 à l’année. Nous avons dégagé, en recettes d’activité, 6,90 M€. Ce surcoût est largement amorti. »
Au chapitre attractivité, le directeur reconnaît que « le recrutement de médecins est un travail de longue haleine ». Dix nouveaux postes d’internes ont été ouverts cette année portant l’effectif global à soixante-dix. « Nous développons également les postes d’assistants après l’internat. C’est comme cela que les jeunes médecins sont fidélisés. »
Le centre hospitalier poursuit par ailleurs ses négociations avec la clinique Bergouignan destinée à rejoindre les hauteurs de Cambolle. « Nous sommes en discussion sur les hypothèses de faisabilité, notamment la mise en commun de nos équipements. »
C. R.

CHIFFRES:
Lits et places
Le Centre hospitalier intercommunal Eure-Seine compte :
968 lits et places dont, à Évreux, 323 en médecine, 62 en chirurgie et 40 en obstétrique.
Activité
En 2012, le CHI a comptabilisé :
70 530 passages aux urgences ;
2 826 accouchements ;
le Smur (Service mobile d’urgence et de réanimation) a effectué 2 687 sorties terrestres et 11 héliportées ;
124 340 consultations externes ;
41 244 séjours hospitaliers ;
27 744 journées d’hospitalisation ;
10 blocs opérations où ont été effectuées 6 343 interventions.
Effectifs
Le Centre hospitalier compte 2 362 agents dont 251 médecins.
1 667 sont répartis sur les différents sites d’Évreux (1 501 à l’hôpital, 118 à la maison de retraite de Saint-Michel et 48 à l’école d’infirmières).

Trente-six suppressions de postes

Les objectifs d’Olivier Brand et son équipe sont clairement définis : « Revenir à l’équilibre mais aussi avoir une offre de soins plus importante pour éviter que la population ne parte. »
Sur le terrain, cela s’est concrétisé, notamment, par l’ouverture de quinze lits en pneumologie et gastro-entérologie, de douze lits de court séjour gériatrique et réanimation à Vernon - hôpital avec lequel Évreux a fusionné il y a plusieurs années -, la rénovation de la maternité de Vernon, l’arrivée d’un scanner et d’un IRM neufs à Vernon ou encore par la création d’un centre de prélèvements à Vernon.
L’équilibre financier doit aussi passer, redit Olivier Brand, par la réorganisation des services. Après celle des services de ménage l’an dernier, qui s’est accompagnée « de mesures d’accompagnement et de reclassement des gens dans les services de soins », cette réorganisation passera, avant la fin de l’année, par la suppression de trente-six postes parmi le personnel non médical. « C’est le plus gros de l’effort, estime Olivier Brand. Il fallait passer par ces réductions d’effectifs. Mais ce qui importe, c’est que l’on aille de l’avant. »
Climat tendu
Du côté des organisations syndicales, cette nouvelle fait grincer des dents. « Les conditions de travail se sont extrêmement dégradées depuis quelques mois pour les personnels soignants, décrit Claire Bourillot, secrétaire du syndicat FO. À cause de ces suppressions de postes, le climat est tendu car la direction a d’abord supprimé avant de réorganiser. »
Pour ces raisons, lors du conseil d’établissement qui s’est tenu vendredi dernier, la représentante du personnel, qui siège au conseil de surveillance, a voté contre le projet d’établissement. La CGT, deuxième syndicat à être le plus représenté à l’hôpital, n’a pas pu être jointe.
Malgré ce vote contre, le projet d’établissement a tout de même été adopté. Il précise la nouvelle stratégie médicale de l’hôpital pour la période 2013-2017. À savoir les mesures qui seront prises à la fois dans le domaine médical, bien sûr, mais aussi pour toute l’organisation de l’hôpital : achats, dialogue social, système d’information…